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Faire quelque chose pour ceux qui subissent un A.V.C. de Joseph Socheleau

Je m’appelle Joseph Socheleau, j’habite  Chemillé.

Mon histoire commence, par un infarctus conséquent le 26 juin 2011, suivi 14 jours plus tard d’un AVC.

Hémiplégique du côté droit, et surtout une perte totale de la parole. Les cinq premiers jours qui suivirent  furent terribles entre révolte  et découragement.

J’étais dans une totale  dépendance. Assurément mon égo en avait pris un sacré coup !

Puis progressivement, avec la compétence et l’humanisme des soignants, l’affection et l’Amour des miens, aidé par mes convictions et également une dose  de volonté et d’exigence, j’ai doucement repris vie.

Un an plus tard je renonçais à tous mes mandats professionnels et depuis je mène une vie sociale à peu près normale. L’orthophonie s’est poursuivie durant 3 ans, à raison d’une séance par semaine (400 séances en tout). Au début j’ai eu une progression fulgurante, mais maintenant je trouve que je plafonne et bon an mal an, j’ai récupéré 80% de mon langage.

Aujourd’hui j’estime que j’ai eu beaucoup de chance ou peut-être une bonne étoile…

Pendant cette épreuve combien de fois je me suis dit : « Vais-je recouvrer ma parole, mon langage ? ». Je demandais aux soignants et ils me répondaient invariablement : « Ça dépend de chacun mais peut-être entre 6 mois et 2 ans » Je me disais dans mon for intérieur « Ou jamais ».

Donc j’étais en attente de faire quelque chose pour ceux qui subissent un AVC.

Aussi lorsque Mme F. Bouyx, neurologue, m’a parlé d’Aphasie 49. J’ai pris contact avec Gérard et Brigitte Froger qui m’ont présenté l’association, et même proposé une participation aux permanences mensuelles au CHU.  Ces permanences se tiennent une fois par mois par des membres de l’association.

Tout d’abord j’y suis allé pour témoigner et très vite j’ai écouté, entendu, partagé et je peux affirmer aujourd’hui que je reçois beaucoup plus que je ne donne.

Bien sûr ça me rappelle des moments douloureux mais je pense que l’on donne un  espoir supplémentaire de s’en sortir, un éclairage positif et en plus on est crédible.

J’ai des exemples qui me reviennent en mémoire. Notamment ce Monsieur, âgé d’environ 70 ans. Il ne parlait plus du tout. À chaque respiration, il disait toute sa souffrance, tout son désarroi. Je lui posais des questions pour qu’il puisse me répondre par oui ou non en faisant un signe de tête. Au bout d’un moment (7-8 minutes) je lui ai demandé s’il voulait que je reste encore un peu. Il m’a fait signe que « oui » en me montrant une chaise. Donc je m’installais à côté de lui, l’avant-bras posé sur le garde-corps et d’un seul coup avec sa main valide, il agrippa la mienne. Il me serrait tellement fort que le bout de mes doigts bleuirent. Nous sommes restés un moment comme ça. Brusquement il amena ma main à sa bouche. Il l’embrassa…. Moi j’étais littéralement stupéfait, presque tétanisé. Après quelques minutes, il me relâcha le bras, je remis la chaise en place et j’entendis faiblement un « MERCI ». Pendant les longues minutes qui suivirent, je restais complètement silencieux et méditatif et de me dire à moi-même : « C’est  dans l’épreuve que l’on vit les moments les plus forts, mais, de là à faire un AVC  faut pas  charrier  quand même… » et de penser : « Vivons notre vie ordinaire mais soyons plus attentifs car je crois que c’est dans l’ordinaire que l’on peut vivre l’Extraordinaire ».

Joseph SOCHELEAU           Contact : joseph.socheleau@gmail.com