Le 18/10/2018 c’est un matin comme les autres, levée tôt, arrivée au travail, plongée rapidement dans l’activité.
A 9h30 après une communication téléphonique mon cerveau sans m’avertir a coupé le son : plus de parole, visage déformé, bras droit de plomb.
Réaction instantanée de mes collègues, elles comme moi, nous savons : AVC. Les bons gestes, les bons réflexes : appel du SAMU qui déclenche l’alerte AVC.
En 30 minutes je suis dans une ambulance (une qui était à proximité). Séverine et Isabelle (deux collègues proches) restent à mes côtés, elles sont mon fil de vie. J’ai une telle peur, celle de mourir sans avoir pu voir mon mari et mes enfants en particulier.
Très vite, je suis prise en charge en service de neurologie, pour une IRM suivie d’angiographie. Dés la fin de matinée, je suis installée en soins intensifs. Mon mari est arrivé.
Le diagnostic nous est expliqué par un neurochirurgien: « AVC hémorragique ». Plusieurs causes évoquées, mais sans doute liée à une poussée d’hypertension. Il faut attendre que l’hématome se résorbe et rééducation dès que possible ». Je suis bien entourée par ma famille et collègues.
Je suis mutique, aphasique type dyspraxie, mon bras droit est paralysé. Je ne me souviens pas de mon ressenti, ni de mon attitude face à l’impossibilité de prononcer un son (amnésie post traumatique toujours présente aujourd’hui). J’ai pu écrire quelques mots de la main gauche mais le vocabulaire est réduit. J’ai tout dans ma tête, mais rien ne sort ! Je ne sais plus rien faire de ma main droite, ni manger, ni boire, ni tenir un crayon …
Le lendemain, la visite de l’orthophoniste est l’élément majeur de mon parcours de récupération. Elle m’a demandé de sortir un son. Comment j’ai fait, je ne me souviens pas comme je l’ai dit. Mais je me rappelle ses mots : « Bon c’est bien et c’est possible, on commence lundi bon week-end ».
Le week-end n’a pas été « bon » empreint de crises d’épilepsies.
Dès le lundi c’est le début du long parcours de rééducation. Je ne vais pas détailler 5 mois (1 en service de neurologie et 4 au service de rééducation fonctionnelle de l’hôpital de CHOLET) Simplement vous dire beaucoup d’exercices, d’énergie, de fatigue, de larmes …
Mon objectif c’est : être comme avant. Je vais vite comprendre que ce ne sera plus comme avant. J’accepte mal cette réalité je navigue entre désespoir, colère, agressivité, fatigue et volonté, énergie !
Puis comme disait Pierre DAC « Ce n’est pas en tournant le dos aux choses qu’on leur fait face ».
A force d’orthophonie, d’ergothérapie, de kinésithérapie, d’hypnose, de séances auprès de psychologue et psychiatre, je parle correctement. Mon bras fonctionne. Ma main n’a pas récupéré sa dextérité (j’ai l’impression d’avoir un gant de boxe) et je souffre de paresthésies désagréables, parfois insupportables. Je reste fatiguée et fatigable. Je n’ai plus la même endurance.
Après ma sortie de rééducation j’ai repris ma vie quotidienne mais je dois m’adapter. Il faut que je contrôle mon langage, ma main. Je suis très maladroite. J’arrive à refaire une majorité des gestes. Ils sont parfois douloureux. Au début ce changement de moi-même me mettait en colère et me rendait agressive.
J’ai appris à maîtriser mon comportement, je suis plus sereine même si je n’accepte toujours pas, je vis avec. Mes proches sont bienveillants. Ils m’aident à garder la motivation nécessaire à préserver ce que j’ai récupéré.
Je fais du yoga et je marche beaucoup pour libérer mon esprit. J’ai trouvé au sein d’Aphasie 49-AVC : un lieu de partage, de rencontres, de loisirs, de soutien.
Les prochaines étapes sont l’autorisation de conduire et négocier mon avenir professionnel.
MIREILLE Rochard Montjean