Alain, lui-même de santé fragile, raconte son expérience de soutien, de combat permanent, aux côtés d’Irène, sa femme. Pour tous les deux, rien n’est jamais perdu même s’il faut tout laisser et réorganiser sa vie ailleurs. Une grande leçon de courage et d’espoir.
La vie, les soucis après le cancer puis l’AVC de ma femme
Pendant environ 4 mois, j’allais tous les jours à l’hôpital et pendant cette période, pas un son, pas une parole. Je lui parlais. Elle clignait des yeux ou elle bougeait sa main pour me répondre, mais le plus souvent, elle sommeillait. Le soir, après les tâches de la maison (la cuisine, les course, le ménage, la lessive, le jardin, les papiers administratifs.), j’espérais toujours qu’elle retrouverait l’usage de la parole. Le reste n’était pas la priorité. Pendant ce stage à l’hôpital, j’avais mis un poste de radio qui diffusait de la musique en permanence. J’avais joint un carnet de chansons, posé sur un petit chevalet, pour qu’elle puisse le regarder.
Puis petit à petit son regard changeait. Elle commençait à bouger les lèvres sur le son et les paroles de la musique. Et les premiers sons sont arrivés ! Mais j’avais toujours beaucoup de choses à faire. De plus, il fallait s’occuper de son transfert vers une maison de convalescence, qui pourrait également la suivre pour son traitement et la prendre en charge pour un début de rééducation. Ce fut très difficile et angoissant car aucune structure ne voulait la prendre : cas trop difficile et risqué. Voilà encore des soucis supplémentaires ! Enfin, il faut toujours se battre.
Mais le plus difficile arrive : Le retour à la maison, les travaux pour équiper le logement, les demandes d’aides (aide-soignante, femme de ménage), encore des papiers à faire. À la maison, il faut toujours être là, présent jours et nuits. Je dors très mal, j’ai toujours peur. Au moindre mouvement, je me réveille. Les nuits sont très difficiles, la fatigue se fait ressentir. Il faut toujours courir, faire les courses rapidement pendant que l’aide-soignante est là.
Avec le retour à la chimio pour son cancer, encore des tracas et des complications. Une crise d’épilepsie vient compliquer la maladie. Retour à hôpital. Des soucis supplémentaires. Je suis submergé par tout cela et trop seul. Je prends la décision de tout vendre (maison, camping-car, vélos, etc.…) pour se rapprocher de la famille.
Je veux témoigner qu’il faut croire à la guérison. Il faut toujours se battre et surtout veiller sur sa santé car je n’ai pas le droit d’être malade. Mais ce qui est très important pour ma femme et pour moi, c’est de ne pas se débattre seuls, de garder les contacts, de se retrouver avec d’autres personnes valides ou handicapées.
Alain Drouet, conjoint d’Irène