Un jour, je suis parti pour ne plus revenir
La tête de travers comme sur les Picasso
Je voyais tournoyer au fond de ce fourgon
Des films en noir et blanc sans jamais les saisir
Un jour, je suis parti pour où ? Je ne sais où
Des radios, des scanners, prises de sang et ponctions
Des blouses blanches me souriaient et surveillaient mes réactions
Je ne pouvais pas sortir un mot mais je comprenais tout.
Un jour, comme un oiseau, la parole est venue
M’apporter le sourire et je ne pleurais plus.
Alors j’ai regardé autour de moi et j’ai compris leur peine,
La chance que j’avais de marcher et de manger sans aide
Un jour, j’ai suivi la longue route rude des rééducations
Retrouver la mémoire, le sens des mots, la prononciation,
L’utilisation d’un bras, d’une main et l’adresse,
La logique, le raisonnement, le contrôle du stress.
Un jour je vous ai vus traverser le couloir
Cette première étreinte plus que vous ne pensez
C’était une chaleur, une étoile, un espoir
Vous étiez près de moi, cela me suffisait.
Un jour, j’étais parti pour ne plus revenir